- AVERTISSEMENTS avant la lecture de ce billet -
Je présente ici, simplement, quelques fondamentaux à connaître lors de la mise en oeuvre du béton, inspiré des erreurs les plus courantes. Je reviendrai plus en détails sur certains points dans de futurs billets.
Vous êtes de plus en plus nombreux à utiliser le béton dans les travaux de votre maison, pour le gros oeuvre, la décoration ou la fabrication de meuble ou d’objet. Il est donc utile de faire le point sur quelques connaissances fondamentales lors de la mise en oeuvre afin d’obtenir de beaux résultats.
L’eau dans le béton : « point trop n’en faut ! »
L’eau à la fois utile et néfaste au béton, elle permet l’hydratation de la pâte de ciment liant les granulats. Elle améliore la maniabilité du béton. Attention, un surdosage en eau entraîne un affaiblissement de la résistance mécanique du béton, la ségrégation des différents éléments le composant, une diminution de sa durabilité, l’augmentation des phénomènes de retrait, la diminution de la résistance aux cycles gel/dégel.
L’eau doit être propre et répondre à la norme NF EN 1008. La quantité d’eau dans une formulation de béton est en rapport avec la quantité de ciment . Pour une utilisation standard le rapport E/C doit être proche de 0,5. Ce coefficient peut être abaissé en utilisant des plastifiant ou des fluidifiants (si vous êtes débutant, contentez vous d’utiliser uniquement de l’eau en respectant scrupuleusement les dosages indiqués sur les fiches techniques !)
« Laisse béton », mais attention à la hauteur !
Lorsque vous manipulez du béton frais, évitez de le transporter dans des brouettes ou des seaux sur de trop longues distances cahoteuses. Vous créez à ce moment, un phénomène de vibration ( j’en parle dans le chapitre suivant). D’ailleurs, pour éviter cette vibration, les camions toupies malaxe le béton en roulant. Une fois prêt, votre béton doit être mis en place rapidement. Rapidement !… Mais pas n’importe comment ! Au moment du coulage, il faut éviter d’incorporer de l’air dans le béton qui doit rester le plus compact possible. De même, il ne faut pas faire chuter le béton de plus de 80cm de haut, au delà de l’air que vous faites entrer dans le mélange, en arrivant au sol, les éléments ( gravier, sable, fines, pâte de ciment ) vont se séparer : c’est ce que l’on appelle la ségrégation. Vous risquez le même résultat lors du coulage d’ouvrages verticaux fortement ferraillé, les aciers font office de tamis. Dans ce cas, il faut donc prévoir des cheminées de coulage.
Vibrer pour le béton !
La vibration est un point délicat de la mise en oeuvre. tous les bétons doivent être vibrés à l’exception des Bétons Auto Plaçant (BAP).
Le béton frais est un mélange de ciment, d’eau, de sable, de gravillons, d’adjuvants et de … bulles d’air.
Le béton ne peut, sans effet mécanique, occuper la place des vides d’air.
Cela peut être obtenu par le compactage mais principalement par la “VIBRATION”.
La vibration met artificiellement en mouvement les éléments du béton (granulats, ciment, eau).
Elle assure le bon remplissage des coffrages et des moules, le serrage du béton et sa désaération en favorisant l’imbrication des granulats et en expulsant les bulles d’air.
Une illustration vaux mieux que de long discours…
La vibration apporte au béton des propriétés non négligeables :
- Elle assure le bon remplissage du moule et un bon enrobage des armatures.
- Elle donne des parements de qualité : grâce à la vibration, l’homogénéité du béton est assurée sans bulles d’air ou nids de cailloux.
- D’autres paramètres influent sur la qualité des parements en béton : le rapport E/C (eau/ciment), le soin apporté au coffrage, les adjuvants, les décoffrants et évidement la qualité de la mise en oeuvre.
- Elle augmente les performances du béton : les résistances mécaniques, la compacité et la durabilité.
La vibration est un gage de qualité pour le béton.
Attention tout fois à respecter le mode opératoire en fonction des systèmes de vibration (interne, externe,…), le temps de vibration, la profondeur des passes par couche, la vitesse de déplacement,… Je reviendrai sur le sujet prochainement.
Chaleur, vent et courant d’air : des ennemis…
On pense plus souvent à protéger le béton lors de coulage par temps froid ( en dessous de 5°C ou 8°C en fonction de la classe de ciment) en ajoutant à notre formulation des adjuvants (accélérateur de prise et de durcissement, réducteur d’eau, entraîneur d’air), par contre, on n’y pense rarement par temps chaud ou les jours de vent.
La chaleur et le vent accélère l’évaporation de l’eau qui joue un rôle primordial à l’hydratation et à la cristallisation du ciment. Si l’eau quitte le processus trop tôt, la réaction chimique ne se fait pas correctement et a des conséquences néfastes sur le béton. Afin d’empêcher l’évaporation prématurée de l’eau, il faut protéger le béton frais. On appelle ça faire la cure du béton. l’objectif est de retenir l’eau dans le béton pendant les phases de prise et de durcissement. Pour ce faire, plusieurs méthodes sont possibles et le choix sera fonction l’ouvrage. On peut simplement placer un film polyane (film plastique étanche) par dessus ou pulvériser un produit de cure qui formera une pellicule étanche (en fonction des produits, il faudra éliminer la couche filmogène pour la suite des travaux). on peut aussi arroser, régulièrement, en pluie fine la surface à protéger. Pour des petits objets, après démoulage ou décoffrage, une immersion dans l’eau ( s’inspirant du principe d’étuvage des usines de préfabrication) durant 7 jours donnera un très bon résultat.
Sortez couverts !
Les EPI (équipement de Protection Individuelle), obligatoires dans le milieu professionnel à l’atelier ou sur le chantier, je vous recommande fortement de les porter lors de mise en oeuvre à la maison… les dangers sont les mêmes !
- Le casque : il protège votre tête…et votre cuir chevelu, des chutes d’objets ou des éclaboussures de béton. Hé oui ! le béton ne rend pas vos cheveux brillants et soyeux.
- Les gants : ne mélangez pas votre béton à mains nues, même si ça vous rapproche de la matière et que votre créativité s’exprime par vos p’tits doigts ! Le contact directe de la peau et du ciment peut provoquer une allergie appelée gale du ciment.
- Les chaussures de sécurité ou bottes : protéger vos mains c’est bien, mais ne négligez pas vos pieds. Les chaussures de sécurité même étanches ne suffiront pas si vous travaillez le béton au sol. Quand vous avez les pieds dedans ! les bottes plus hautes, étanches sont la meilleure protection pour garder les pieds au sec.
- Les lunettes : elles ne sont pas obligatoires. En fonction de vos travaux et vos méthodes de travail, il peut être utile de porter des lunettes. Votre peau n’apprécie pas le béton, vos yeux encore moins.
- Le casque ou bouchons anti bruits : comme pour les lunettes, les protections anti bruits sont fonction de votre activité et de son environnement. Dans le doute, une protection supplémentaire ne peut pas nuire à votre santé.
Maintenant que vous avez pris connaissance de ces quelques règles fondamentales qui je l’espère amélioreront vos réalisations en béton, c’est à vous de jouer ! Je vous laisse à vos travaux et vos créations.