La vibration des bétons #1

Dans le billet précédent, j’abordais rapidement la vibration des bétons.
Je reviens aujourd’hui plus en détails sur le sujet.

Bétons auto plaçant, vibration ou pas?

Premier point, les Bétons Auto Plaçant (BAP), appellation générique qui regroupe les bétons qui ont la faculté de se mettre en place seul. On retrouve dans cette catégorie :
– les BAP pour les ouvrages verticaux
– Les BAN ( Béton Auto Nivelant) pour les ouvrages horizontaux
– Les Auto Compactant principalement utilisé pour le remblai des tranchées sur la chaussée
Cette catégorie de bétons n’a pas besoin de vibration, toutefois, quelques bonnes pratiques sont à mettre en œuvre lors du coulage. Lorsque l’on utilise un moule ou un coffrage avec des saillies importantes ou des formes particulières, il faut (dans la mesure du possible) incliner le coffrage enfin d’éviter les pièges à air

De même, pour les ouvrages horizontaux, il convient de chasser l’air à la surface à l’aide d’une barre de débullage en deux passes croisées.
Il ne s’agit donc pas de vibration mais de pratiques donnant une qualité optimale de ces bétons.Vibration des béton - barre de débullage

La vibration des bétons : pourquoi?

L’objectif de la vibration des bétons est de le rendre plus compact (serré, fermé). Ce qui a pour effet d’augmenter ses performances physiques et mécaniques et ainsi de le rendre plus durable et résistant aux agressions extérieures (pluie, gel, dégel, …). De tous temps, les utilisateurs du béton ont cherchés à augmenter ses performances : plus résistant, plus compact, plus durable,… Les premières réflexions à ce sujet sont relatées dans le livre de Cyrille Simonnet : Le béton, histoire d’un matériau : Economie, technique, architecture
Que se passe t-il lors de la vibration ?
Les bulles d’air vont être chassées vers l’extérieur. Les différents éléments constituants le béton (gravier, sable, fines,…)vont se placer les uns par rapport aux autres afin d’optimiser le squelette granulaire du béton.
Je vous remets l’illustration tirée du B71 de la Collection Technique Cimbéton déjà présentée dans le billet sur les fondamentaux de la mise en œuvre et qui montre clairement le phénomène.

Vibration des bétons

 Avec quels outils?

Pour obtenir de bon résultats, il faut utiliser les bons outils.
Parmi la gamme d’outils, on a le choix entre des vibrateurs internes et des vibrateurs externes. Le choix se fait en fonction des travaux à réaliser, de la quantité de béton à vibrer, de la complexité de l’ouvrage.
Les vibrateurs interne sont essentiellement des aiguilles vibrantes de diamètre, longueur et puissance différentes.Le diamètre est déterminé en fonction de l’espacement disponible dans le coffrage. Au passage, je rappelle que l’aiguille ne doit pas toucher la peau de coffrage ou les armatures !

On trouve sur le marché, des vibrateurs électriques, pneumatique et hydraulique. Ils sont internes ou externes.

Dans la famille des vibrateurs externes, on trouve les vibrateurs fixés sur les montants externes du coffrage, les règles vibrantes, les compacteurs et plaques vibrantes. Les modèles sont nombreux et à choisir en fonction de la réalisation.vibration des bétons - vibrateur externe

En atelier ou en usine de préfabrication (rarement sur chantier), la table vibrante et particulièrement efficace.

Il reste encore bien des choses à dire sur la vibration des bétons… je reviendrai donc dessus prochainement !

 

Béton, fondamentaux concernant la mise en oeuvre.

- AVERTISSEMENTS avant la lecture de ce billet -

Je présente ici, simplement, quelques fondamentaux à connaître lors de la mise en oeuvre du béton, inspiré des erreurs les plus courantes. Je reviendrai plus en détails sur certains points dans de futurs billets.

 

Vous êtes de plus en plus nombreux à utiliser le béton dans les travaux de votre maison, pour le gros oeuvre, la décoration ou la fabrication de meuble ou d’objet. Il est donc utile de faire le point sur quelques connaissances fondamentales lors de la mise en oeuvre afin d’obtenir de beaux résultats.

L’eau dans le béton : « point trop n’en faut ! »

L’eau à la fois utile et néfaste au béton, elle permet l’hydratation de la pâte de ciment liant les granulats. Elle améliore la maniabilité du béton. Attention, un surdosage en eau entraîne un affaiblissement de la résistance mécanique du béton, la ségrégation des différents éléments le composant, une diminution de sa durabilité, l’augmentation des phénomènes de retrait, la diminution de la résistance aux cycles gel/dégel.

L’eau doit être propre et répondre à la norme NF EN 1008. La quantité d’eau dans une formulation de béton est en rapport avec la quantité de ciment . Pour une utilisation standard le rapport E/C doit être proche de 0,5. Ce coefficient peut être abaissé en utilisant des plastifiant ou des fluidifiants (si vous êtes débutant, contentez vous d’utiliser uniquement de l’eau en respectant scrupuleusement les dosages indiqués sur les fiches techniques !)

« Laisse béton », mais attention à la hauteur !

Lorsque vous manipulez du béton frais, évitez de le transporter dans des brouettes ou des seaux sur de trop longues distances cahoteuses. Vous créez à ce moment, un phénomène de vibration ( j’en parle dans le chapitre suivant). D’ailleurs, pour éviter cette vibration, les camions toupies malaxe le béton en roulant. Une fois prêt, votre béton doit être mis en place rapidement. Rapidement !… Mais pas n’importe comment ! Au moment du coulage, il faut éviter d’incorporer de l’air dans le béton qui doit rester le plus compact possible. De même, il ne faut pas faire chuter le béton de plus de 80cm de haut, au delà de l’air que vous faites entrer dans le mélange, en arrivant au sol, les éléments ( gravier, sable, fines, pâte de ciment ) vont se séparer : c’est ce que l’on appelle la ségrégation. Vous risquez le même résultat lors du coulage d’ouvrages verticaux fortement ferraillé, les aciers font office de tamis. Dans ce cas, il faut donc prévoir des cheminées de coulage.

Vibrer pour le béton !

La vibration est un point délicat de la mise en oeuvre. tous les bétons doivent être vibrés à l’exception des Bétons Auto Plaçant (BAP).

Le béton frais est un mélange de ciment, d’eau, de sable, de gravillons, d’adjuvants et de … bulles d’air.
Le béton ne peut, sans effet mécanique, occuper la place des vides d’air.
Cela peut être obtenu par le compactage mais principalement par la “VIBRATION”.
La vibration met artificiellement en mouvement les éléments du béton (granulats, ciment, eau).
Elle assure le bon remplissage des coffrages et des moules, le serrage du béton et sa désaération en favorisant l’imbrication des granulats et en expulsant les bulles d’air.

Une illustration vaux mieux que de long discours…

Vibration du béton

Source Collection Technique CimBéton B71- Non réédité, non téléchargeable

La vibration apporte au béton des propriétés non négligeables :

  • Elle assure le bon remplissage du moule et un bon enrobage des armatures.
  • Elle donne des parements de qualité : grâce à la vibration, l’homogénéité du béton est assurée sans bulles d’air ou nids de cailloux.
  • D’autres paramètres influent sur la qualité des parements en béton : le rapport E/C (eau/ciment), le soin apporté au coffrage, les adjuvants, les décoffrants et évidement la qualité de la mise en oeuvre.
  • Elle augmente les performances du béton : les résistances mécaniques, la compacité et la durabilité.

La vibration est un gage de qualité pour le béton.
Attention tout fois à respecter le mode opératoire en fonction des systèmes de vibration (interne, externe,…), le temps de vibration, la profondeur des passes par couche, la vitesse de déplacement,… Je reviendrai sur le sujet prochainement.

Chaleur, vent et courant d’air : des ennemis…

On pense plus souvent à protéger le béton lors de coulage par temps froid ( en dessous de 5°C ou 8°C en fonction de la classe de ciment) en ajoutant à notre formulation des adjuvants (accélérateur de prise et de durcissement, réducteur d’eau, entraîneur d’air), par contre, on n’y pense rarement par temps chaud ou les jours de vent.

La chaleur et le vent accélère l’évaporation de l’eau qui joue un rôle primordial à l’hydratation et à la cristallisation du ciment. Si l’eau quitte le processus trop tôt, la réaction chimique ne se fait pas correctement et a des conséquences néfastes sur le béton. Afin d’empêcher l’évaporation prématurée de l’eau, il faut protéger le béton frais. On appelle ça faire la cure du béton. l’objectif est de retenir l’eau dans le béton pendant les phases de prise et de durcissement. Pour ce faire, plusieurs méthodes sont possibles et le choix sera fonction l’ouvrage. On peut simplement placer un film polyane (film plastique étanche) par dessus ou pulvériser un produit de cure qui formera une pellicule étanche (en fonction des produits, il faudra éliminer la couche filmogène pour la suite des travaux). on peut aussi arroser, régulièrement,  en pluie fine la surface à protéger. Pour des petits objets, après démoulage ou décoffrage, une immersion dans l’eau ( s’inspirant du principe d’étuvage des usines de préfabrication) durant 7 jours donnera un très bon résultat.

Sortez couverts !

Les EPI (équipement de Protection Individuelle), obligatoires dans le milieu professionnel à l’atelier ou sur le chantier, je vous recommande fortement de les porter lors de mise en oeuvre à la maison… les dangers sont les mêmes !

  • Le casque : il protège votre tête…et votre cuir chevelu, des chutes d’objets ou des éclaboussures de béton. Hé oui ! le béton ne rend pas vos cheveux brillants et soyeux.
  • Les gants : ne mélangez pas votre béton à mains nues, même si ça vous rapproche de la matière et que votre créativité s’exprime par vos p’tits doigts ! Le contact directe de la peau et du ciment peut provoquer une allergie appelée gale du ciment.
  • Les chaussures de sécurité ou bottes : protéger vos mains c’est bien, mais ne négligez pas vos pieds. Les chaussures de sécurité même étanches ne suffiront pas si vous travaillez le béton au sol. Quand vous avez les pieds dedans ! les bottes plus hautes, étanches sont la meilleure protection pour garder les pieds au sec.
  • Les lunettes : elles ne sont pas obligatoires. En fonction de vos travaux et vos méthodes de travail, il peut être utile de porter des lunettes. Votre peau n’apprécie pas le béton, vos yeux encore moins.
  • Le casque ou bouchons anti bruits : comme pour les lunettes, les protections anti bruits  sont fonction de votre activité et de son environnement. Dans le doute, une protection supplémentaire ne peut pas nuire à votre santé.

Maintenant que vous avez pris connaissance de ces quelques règles fondamentales qui je l’espère amélioreront vos réalisations en béton, c’est à vous de jouer ! Je vous laisse à vos travaux et vos créations.

Béton matricé noir

Béton noir matricé

Réalité augmentée : de la 2D à la 3D !

Grand sujet du moment dans le bâtiment : le BIM et la réalité augmentée

la transition numérique et surtout le BIM (Building Information Modeling), ainsi que la réalité augmentée !
Alors y a les pros et les antis, une chose est sure, le sujet va vite être incontournable !
Comme dans beaucoup de grands changements, certains ne se sentent pas concernés même si, il est vrai, on ne parle pas forcément d’eux et on leur fait croire, à tort, qu’ils ne sont pas touchés. Vous l’aurez deviné, je parle là des artisans et petites entreprises du bâtiment !

Ne vous posez plus la question… vous êtes touché par la transition numérique.

Je parle bien de transition numérique qu’il ne faut pas confondre avec modélisation 3D, maquette numérique ou BIM qui sont des choses différentes bien que faisant partie de cette transition ( j’y reviendrai dans un prochain billet !).

Quelques applications sont intéressantes à utiliser sur le terrain:

Je vous en présente deux

La première c’est RoomScanPro ou comment prendre des côtes en réalité augmentée

ou plus exactement, comment faire du relevé facilement avec son iPhone ( oui bien sur !… ça marche aussi avec un smartphone sous androïde !)
Une fois l’application lancée, il vous suffit de placer votre téléphone contre les murs de la pièce afin d’obtenir une vue en plan coté, puis de passer de pièce en pièce pour avoir l’ensemble du bâtiment.

vous repérez les portes, les fenêtres, avec leur sens d’ouverture, les cloisons et les abouts de cloison et le tour est joué ! Procédez pièce par pièce, puis par niveau et obtenez les plans complets de votre bâtiment. Pour être précis, il faut préciser la position de votre téléphone.

réalité augmentée - Choix du positionnement du smart phone

Ecran de controle

Vous pouvez avoir une aide tutorielle tout au long de votre relevé. L’application enregistre les déplacements de votre téléphone et prends une photo à chaque points du relevé…alors souriez !

Les données sont exportables en DXF, PDF, FML, CSV, ou MTPIX, ou tout simplement transférées par mail, texto, menssenger ou tout autre outil de transfert de données.

réalité augmentée

La seconde, Bloc in Bloc (ils créent l’application pour votre chantier)

ou comment visualiser un plan papier 2D (ou sur écran) en 3D ou plus exactement en maquette numérique renseignée. Une belle transition du papier au numérique.

Bienvenu dans la réalité augmentée !

réalité augmentée

Capture d’écran de la tablette.

Réalité augmentée - Toutes les options s'affichent sur la gauche de l'écran

Vue d’ensemble : le plan papier est posé sur la table, la caméra de la tablette permet d’obtenir la maquette numérique à l’écran.

IL suffit de télécharger le marqueur de réalité augmentée correspondant, puis en le plaçant devant la caméra de votre téléphone ou tablette, le menu apparaît ainsi que les infos concernant le bâtiment. Vous avez donc accès à l’ensemble des éléments permettant l’exécution du chantier. Vous pouvez zoomer sur un détail ou avoir la vue d’ensemble.

réalité augmentée

Zoom sur fondations et réseaux du plan affiché sur l’iPad.

Vous pouvez sélectionner uniquement certains éléments (structure, réseaux, charpente,…).

réalité augmentée

Sélection de la charpente.

réalité augmentée

Capture d’écran de l’iPhone qui lit les informations du plan sur l’iPad (sélection des fondations et des réseaux).

En phase exécution, vous utilisez encore vos plans papier, pour combien de temps encore?!!
Attention ! Une fois que vous les aurez essayées, vous aurez du mal à vous en passer !
Évidement, il y en a d’autres qui feront peut-être l’objet de futur billet.

Au delà du burn-out : la dépression professionnelle 

Le jour où votre cerveau dit stop car vous avez refusé d’écouter les signaux envoyé par votre corps.

C’est incontrôlable, et ça vous arrive d’un coup sans maîtrise de vos émotions.Fichier 20-04-2016 23 28 34

Peu importe les signes et les symptômes, vous n’en tiendrez pas compte et vous n’écouterez pas votre corps. Nous sommes tous plus forts que les autres!…

« Il est aussi difficile de se voir soi-même que de regarder en arrière sans se retourner. » Henry David Thoreau, écrivain américain 1817-1862.

On pourrait dire que tout commence comme ça !

pour arriver plus moins rapidement dans le schéma suivant:

Fichier 20-04-2016 23 29 18

Le brun-out est un épuisement professionnel, je vous laisse lire les quelques articles (parmi les nombreux que l’on peut trouver !) qui expliquent clairement la situation.
Le premier est un site suisse : Burnout-info.ch avec des rubriques clairement expliquées.
Le second, sous format pdf, est un bon papier traitant simplement le sujet et rédigé par ANACT, l’INRS et le Ministère du travail.
Les deux suivants proposent des tests simples et rapides permettant de faire un point sur soi même et de détecter les signes qui doivent alerter :

Autres articles parmi de nombreux:

Je vous partage aussi cet article paru dans Le Monde et transmis par mon ami Jean-Christophe d’urbanbike (et bien d’autres blogs, micro-blogs et réseaux!)


« Le burn-out des petits patrons.

La souffrance au travail n’est pas réservée aux salariés. Journées à rallonge, carnets de commandes en berne, paperasserie kafkaïenne… De plus en plus de chefs de PME repoussent leurs limites. Jusqu’à l’épuisement. Pour leur venir en aide, des dispositifs voient le jour.
Il est là, jeune homme souriant aux cheveux gominés, assis dans son fauteuil de patron, comme s’il ne l’avait jamais quitté. Pourtant, Clément Guiraud vient seulement de reprendre sa place, après plus de deux mois d’absence. A la tête de l’entreprise de ravalement créée par son père voilà quarante ans, à Carcassonne, il est resté vissé à son bureau ces cinq dernières années. Jusqu’à ce qu’il s’effondre. Pendant plus d’un an, il n’a rien dit. A personne. Pas même à son épouse. Jour après jour, il a sombré en silence, perdant le sommeil et dix kilos, se débattant seul avec les clients qui désertent et le chiffre d’affaires qui chute. Il était convaincu qu’il tiendrait bon. A tort. Il a fallu attendre son troisième burn-out et une dépression pour qu’il se décide à sortir du déni. S’il a réussi à redresser les comptes de l’entreprise et à préserver les vingt-neuf emplois salariés, son mariage n’a pas résisté. Ni sa santé.  » J’ai tout cassé, mon sommeil, mon équilibre, ma vie de famille…, dit le jeune patron de 33 ans, d’une voix posée, la main gauche tremblant légèrement (effet secondaire de son traitement). Il faut tout réapprendre. « 

Se pencher sur le mal-être des chefs d’entreprise ? Parler de  » souffrance patronale  » ? Un sujet longtemps tabou. Pourtant, comme lui, des centaines de chefs d’entreprise de PME et de TPE taisent leur détresse et craquent en secret. Frappés par la crise. Habités par la honte de l’échec. Ignorés par une société qui, estiment-ils, les stigmatise. Assommés par des normes  » absurdes  » imaginées par des politiques qui, jugent-ils, les confondent avec les multinationales.

Une épouse de commerçant qui trouve son mari en larmes avant de découvrir un petit mot suicidaire sur l’oreiller ; un entrepreneur du bâtiment qui ne dort pas plus de deux heures par nuit depuis six mois ; trois artisans qui, en 2014, ont mis fin à leurs jours dans le sud de la Vendée ; ce patron de 58 ans qui, début mars, s’est immolé par le feu dans la cour de son entreprise de BTP, à Vieux-Ferrette (Haut-Rhin)… Des exemples comme ceux-là, Olivier Torrès en égrène par dizaines. A 49 ans, cet enseignant-chercheur, spécialiste des PME à l’université de Montpellier, ne se sépare jamais d’un petit bout de papier jauni aux bords abîmés, qui a fini par se déchirer en deux. Cela fait huit ans qu’il conserve dans son portefeuille cette brève du quotidien régional Midi Libre résumant le suicide d’un patron de PME, poussé à bout par les difficultés financières de son entreprise.  » Le même jour, raconte le chercheur, le journal consacrait une pleine page au suicide d’un salarié du technocentre Renault de Guyancourt. Mais pourquoi l’un a droit à une page et l’autre à quelques lignes dans la rubrique fait divers ? Au nom de quoi ?  » Il a la réponse :  » Dans le monde du travail, on a longtemps estimé que la souffrance naissait de la domination. Le patron étant le dominant, il ne peut donc pas être concerné.  » Un postulat que le chercheur s’emploie depuis à démentir. En 2009, il a créé l’observatoire Amarok, spécialisé dans l’étude de la santé des dirigeants de PME. L’objectif ? Explorer cet aspect méconnu du tissu économique, qui compte pourtant plus de 3 millions d’acteurs. En France, plus de 99 % des entreprises sont des PME, selon l’Insee.

Plus de 1 000 patrons de petites et moyennes entreprises ont ainsi été auscultés à ce jour, à raison de six questionnaires par an, réalisés par téléphone, portant sur leur sommeil, leur niveau de stress, de frustration, d’angoisse, de difficultés financières… Conclusion :  » Guidés par « l’idéologie du leadership », qui ne laisse aucune place au moindre signe de faiblesse, les petits patrons en difficulté ignorent leur mal-être, sacrifient leur santé et s’isolent.  » Olivier Torrès ne compte plus les fois où il a entendu ces mots :  » Je n’ai pas le temps d’être malade « ,  » Sans moi, l’entreprise va déposer le bilan « ,  » Je n’ai pas le droit d’échouer « ,  » Je vais y arriver « . Face aux difficultés, au surendettement, à la faillite, aux licenciements et aux carnets de commandes vides, ils travaillent soixante heures par semaine, suppriment leurs loisirs, rognent sur leur vie de famille, perdent le sommeil… Jusqu’à l’épuisement professionnel.  » Chez ces entrepreneurs, le risque de burn-out tourne autour de 10 % « , évalue le président d’Amarok, qui évoque, dans le désordre, la règle des 3D : dépôt de bilan, dépression, divorce. Cette découverte l’a conduit à aller plus loin. En septembre 2015, dans le cadre de l’observatoire, il a ouvert une ligne d’écoute à destination de ces hommes et femmes en détresse.

Laure Chanselme conserve précieusement ses petites fiches cartonnées dans un tiroir fermé à clé. Il y en a une quinzaine, que personne, à part elle, n’a le droit de consulter. Psychologue du travail, c’est elle qui reçoit les appels à l’aide.  » J’essaie de rompre leur isolement, de comprendre comment ils en sont arrivés là, de leur faire admettre que la priorité c’est eux, que s’ils vont jusqu’au burn-out, cela durera quatre mois, explique la jeune femme de 30 ans. Nous réfléchissons à ce qu’ils peuvent mettre en place pour l’éviter : hiérarchiser, déléguer, faire du sport, aller voir un ostéopathe, un sophrologue, dormir…  » Elle oriente certains d’entre eux vers un thérapeute. Pour l’instant, treize antennes régionales de fédérations professionnelles (Fédération française du bâtiment, Medef, Chambre des notaires, Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment…) ont souscrit au forfait assistance proposé par l’observatoire : 750 euros pour douze heures d’écoute. Sans compter les dizaines de conférences auxquelles Olivier Torrès est désormais convié.  » Nos sociétés prônent l’entrepreneuriat comme autrefois les sergents recruteurs de l’armée vous exhortaient à vous engager, souligne-t-il. Aujourd’hui, nous sommes dans une guerre économique, mais on a oublié l’infirmerie ! Or, il y a de la casse. « 

Marc Binnié a lui aussi constaté les dégâts. Il en a vu défiler des chefs d’entreprise irascibles, incohérents, en larmes, mutiques, au bord du gouffre,  » tellement mal qu’ils étaient en réalité incapables d’exercer leurs droits « . Greffier au tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime) depuis plus de vingt ans, il a décidé de créer, en septembre 2013, le dispositif Apesa (Aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance psychologique aiguë).  » Quand un chef d’entreprise perd sa société, sa femme, sa maison, ça ne va pas du tout, et nous n’avions pas grand-chose à leur dire, raconte l’homme de 53 ans. Nous ne voulions plus rester étrangers à ces situations.  » Aujourd’hui, tout le personnel du tribunal – mandataires, greffiers, juges et président – est formé à la détection de la crise suicidaire et peut, à tout moment et en accord avec le chef d’entreprise, remplir une fiche d’alerte qui donne droit à cinq séances de thérapie gratuites. En 2015, à Saintes, quarante patrons ont ainsi accepté d’être aidés sur trois cents procédures (sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaires). Depuis sa création, le dispositif a essaimé dans une trentaine de tribunaux de commerce en France. D’autres vont suivre.  » Je ne m’attendais pas à cet effet boule de neige, commente Marc Binnié. Mais, à un certain stade, les patrons n’ont plus aucune réticence à accepter de l’aide. Certains, même, la réclament. Le paradoxe, vu qu’ils sont au tribunal, c’est que nombre d’entre eux nous disent que pour la première fois, ils ne se sentent pas jugés. Et ils sont très contents.  » Comme s’ils échappaient à la double peine. Car certains vivent d’autant plus mal leurs difficultés entrepreneuriales qu’ils se sentent également  » incompris « , voire  » mal aimés « , par une société qui réduit souvent le monde patronal aux seules entreprises du CAC 40.

A 58 ans, Eric Froger a lui aussi fait trois burn-out. C’était en 2010, à l’époque où sa société montpelliéraine FD Conseil (trois salariés), qui publie DA Mag, un mensuel de la distribution automatique, a perdu  » beaucoup d’argent, très vite « . En bon petit soldat de la France PME qui ne s’accorde pas le droit de flancher, il a ignoré les deux premiers. Il a fini à l’hôpital, puis cloué au lit pendant deux mois. Difficile d’imaginer ce grand gaillard monté sur ressorts rester immobile plus d’une minute. Dans le bureau d’à côté, Françoise, sa compagne, cogérante depuis la création de l’entreprise, il y a dix-sept ans. Des accros du boulot ces deux-là.  » On ne décroche jamais, commente Françoise. Il n’y a rien d’autre que le travail.  » Et Candy Crush, le jeu vidéo : elle a atteint le niveau 1 116. C’est elle qui gère les comptes de la société et  » hurle  » régulièrement :  » Nous avons une nouvelle taxe ou une augmentation de taxe par jour ouvrable en moyenne.  »  » Toutes les lois sont faites pour les Vivendi, les PSA, les GDF… Pas pour nous ! peste son mari. Nous subissons les mêmes règles, les mêmes charges, les mêmes pénalités que les multinationales alors que nous sommes tout petits. Comment peut-on pondre des lois aussi éloignées de la réalité des patrons de PME et TPE ? Comment les politiques peuvent-ils être aussi déconnectés de l’entreprise ? « 

Eric Froger n’est pas le seul à fulminer. Dans les rangs du petit patronat, la colère gronde. Une cible privilégiée pour l’extrême droite. Avec la création du cercle Cardinal, chargé de prospecter les milieux patronaux, et du collectif Audace – jeunes actifs patriotes (destiné aux moins de 35 ans) -, le Rassemblement Bleu Marine met les bouchées doubles pour convertir ces dirigeants au vote frontiste. Même si le programme économique du parti de Marine Le Pen (sortie de l’euro, fermeture des frontières…) a du mal à convaincre, les dirigeants d’entreprise seraient 19 % à être séduits par le FN, selon un sondage IFOP-Fiducial publié en octobre dernier, un chiffre en hausse de sept points par rapport aux européennes de 2014. Françoise Froger a voté FN aux dernières élections régionales.  » Je ne l’aurais jamais fait du temps de Jean-Marie Le Pen, précise-t-elle. Mais je veux simplement qu’on arrête de me faire perdre mon temps avec des règles aberrantes et qu’on me laisse travailler !  » Avant d’ajouter qu’il s’agissait d’un coup de gueule et qu’à l’avenir, elle votera blanc. Comme son mari, qui boude les urnes depuis deux ans. Et comme Clément Guiraud, le jeune patron de Ravalements 2000, qui a pris le parti d’ignorer les politiques –  » trop décevants « ,  » trop frustrants  » – et d’éteindre le téléviseur –  » Les infos, c’est très mauvais pour le moral quand on est un peu fragile.  » Le projet de loi El Khomri sur la réforme du travail ? Il n’a pas suivi les débats. Il pense connaître le refrain.  » En France, on a une vision très négative des patrons, déplore-t-il. On confond les grands dirigeants des multinationales, leurs gros salaires, leurs parachutes dorés et leurs paradis fiscaux avec les patrons de PME. C’est comme si vous compariez une Ferrari à une 2 CV ! « 

Eric Froger, lui, a vu les lycéens manifester. Et ce qu’il a entendu le désespère :  » L’esprit « salauds de patrons » qui règne en France, je le vis très mal. Comme si un patron se levait le matin en se disant « Tiens, aujourd’hui, je vais me payer un salarié ! » Moi, poursuit-il sur sa lancée, j’ai mis ma maison en caution, c’est mon pognon, je mouille ma chemise. Si ma boîte flanche, je perds tout et je n’ai pas le chômage.  » Pour autant, il ne veut pas comparer son sort à celui des agriculteurs, eux aussi assommés par des normes «  aberrantes « ,  » mais qui bossent comme des malades pour 500 euros par mois « . Lui est conscient de gagner sa vie correctement : son salaire s’élève à 5 000 euros nets mensuels, soit 400 euros au-dessous du salaire moyen d’un patron de PME, selon une étude menée par l’Insee. On est loin des montants exorbitants perçus par les grands patrons, surtout si on raisonne en termes de temps de travail.  » A 45 heures par semaine, j’ai l’impression de ne rien foutre « , lance-t-il gaiement. Aujourd’hui, comme Clément Guiraud, il répond au questionnaire d’Amarok tous les deux mois et conserve précieusement son dernier rapport personnalisé fourni par l’observatoire après chaque  » consultation « , sur son bureau, à portée de main.  » J’aime bien le regarder de temps en temps, pour voir où j’en étais, dit-il, et comparer avec là où j’en suis aujourd’hui.  » Comme un garde-fou qui l’alerterait au moindre signe de récidive.
par Louise Couvelaire »


Si je résume on obtient cette suite logique :


Mais n’oubliez pas:
• ça peut arriver à chacun d’entre nous
• La plupart n’écouteront pas les alertes de leur corps (sachant que le niveau de tolérance et d’endurance est propre à chacun)
• Une fois la rupture arrivée, votre entourage (collègues, amis, famille) ne comprendra pas forcément ce qui ce passe
• il faut ensuite se reconstruire en commençant par du repos (vous pourrez dormir quasiment des journées entières, il faut bien récupérer toute cette fatigue cumulée les derniers mois voir les dernières années!)
• la coupure professionnelle doit être nette et sans concession (téléphone pro et ordinateur pro éteints)
• Pensez à vous, soyez « égoïste »
• Reprenez progressivement du plaisir dans vos activités (lecture, bricolage, jardinage, sport, photo,…)
• Ne reprenez pas votre activité professionnelle trop tôt, il faut avoir récupéré, se sentir prêt mais surtout être certain de trouver le plaisir dans le travail
• Une fois reposé, ne restez pas seul pour vous reconstruire

Illustration du Roshi TAISEN DESHIMARU

Aider les êtres humains plonger dans la souffrance.

 

Quand les BAC PRO rentrent à l’Université!

L’IUT de Marne-la-Vallée et le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), vous proposent une formation en matière d’efficacité et de rénovation énergétique.
Cette formation transversale aux métiers du bâtiment permet à tous les ouvriers qualifiés d’être les véritables acteurs de la mutation énergétique du bâtiment.

Fort d’une première année d’expérimentation, une deuxième session du Diplôme Universitaire Compagnon en Bâtiment Durable verra le jour en septembre 2014. Le contexte social et économique n’ayant pas évolué en une année, je vous invites à reprendre les propos tenus dans ce précédent billet.

« Des mains pour mettre en œuvre nos idées! », nous en avons une bonne illustration en ce moment à Versailles sur le site de la compétition du Solar Décathlon. Afin d’obtenir les performances escomptées sur ces prototypes, il est indispensable d’associer des professionnels au projet bien avant le seul phase de montage. Certaines équipes en ont fait les frais!

Jusque là, aucun article de presse ne fait état du travail des Hommes de métiers (ne sont mentionné que les architectes et les ingénieurs). Il faut prendre conscience que c’est en travaillant de concert que les performances des bâtiments seront obtenues. C’est un des items de la formation DU CBD : « Travailler ensemble ».

Pour vous inscrire ou tout simplement prendre connaissance de cette formation, les liens suivants vous apporteront tout les informations utiles:

Affiche DU CBD

Flyer DU CBD

Incription DU CBD

Vous pouvez également « Liker » la page Facebook dédiée au DU CBD et suivre toute l’actualité de cette formation!

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« En France, nous avons des idées…Ayons aussi des mains pour les mettre en oeuvre! »

Diplôme Universitaire Compagnon du Bâtiment Durable

« Efficacité et rénovation énergétique »

La mutation énergétique entraîne une mutation de la construction. En effet, les performances des bâtiments dépendent pour majeur partie de la qualité de la mise en œuvre des matériaux performants et des règles de la construction durable. Or, toute la filière souffre d’un manque de professionnels de chantier formés pour la mise en œuvre des matériaux et des techniques liés à l’efficacité et à la rénovation énergétique.

C’est le constat réalisé par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), particulièrement impliqué dans l’innovation, la recherche, l’évaluation, la certification dans le bâtiment et la ville durable. Le CSTB a proposé à l’Université de Paris-Est Marne la Vallée d’élaborer une formation adaptée en coordination avec les professionnels du bâtiment, FFB et CAPEB.

Le Diplôme Universitaire Compagnon du Bâtiment Durable « Efficacité et rénovation énergétique » est le fruit de la collaboration de l’IUT de Marne-La-Vallée et du CSTB qui se font accompagner, dans un Comité de Pilotage, du PRES Paris Est, de l’IUT de Sénart Fontainebleau, de l’UPEC, les organisations professionnelles CAPEB et FFB, des professionnels reconnus pour leurs compétences.

Ce diplôme s’adresse à des jeunes issues de Bac Pro (des métiers du bâtiment). Ces bacheliers professionnels ont difficilement accès aux IUT et peu d’entre eux sont acceptés en BTS. De leurs côtés, les entreprises portent leur choix sur des CAP ou des BTS (formation et salaire correspondant à la convention collective) au désavantage des BAC Pro qui présentent de nombreuses lacunes professionnelles, en particulier depuis la réforme ramenant la formation de quatre à trois années.

Le Diplôme Universitaire de Compagnon du Bâtiment Durable – Efficacité et rénovation énergétique propose :

Une formation de 700h réparties sur une année et orientées à 70% sur la mise en application et la pratique. Outre les aspects d’efficacité énergétique, cette formation se veut innovante par ses méthodes d’enseignements :

– Mettre l’apprenant en réflexion face à chacune de ses actions

– Favoriser l’apprentissage des interfaces par la mixité des métiers de l’enveloppe du bâtiment (maçons, menuisiers, couvreurs, peintres, bardeurs, électriciens, chauffagistes, etc…)

– Dispenser les enseignements au plus près des réalités du chantier (y compris l’anglais, les mathématiques, etc…).

– Sélectionner des intervenants pour leur expertise dans les domaines choisis (des Hommes de métier reconnus pour leurs compétences pour la partie pratique, des ingénieurs du CSTB et des composantes du Pôle Scientifique et Technique, des Enseignants de l’IUT et de l’Université, des professionnels du secteur…).

– Elaborer des mises en situation et des exercices pratiques au plus proche de la réalité du terrain (maquette à l’échelle 1 ou travaux réels sur site en rénovation énergétique).

– Familiariser le langage des ingénieurs de bureaux d’étude, des architectes, des maîtres d’ouvrage par la mise en contact et les échanges de pratiques avec les ingénieurs et architectes présents sur le Cluster Descartes…

– Compléter la formation et la compréhension des techniques par leur présence lors d’essai de laboratoire sur le PST Descartes (Pôle Scientifique et Technique) : CSTB, FCBA, IFFSTAR, Ponts & Chaussées,…

Chaque Etudiant sera pris en charge sous la forme d’un contrat de professionnalisation dans l’attente du délai d’inscription au RNCP qui ouvrira d’autre possibilité de contrat et de financement (contrat d’apprentissage). Cette formation est cofinancée pour le coût pédagogique par l’OPCA Constructys et pour la matière d’œuvre par les partenaires industriels et les entreprises.

L’objectif du dispositif est de donner une formation clairement identifiée, débouchant sur des emplois attendus dans les entreprises. Les Compagnons du Bâtiment Durable « Efficacité et rénovation énergétique » seront les porteurs de la mutation énergétique. Ils participeront efficacement à la mutation de la filière industrielle du bâtiment et de la ville durable.

Une formation innovante qui place l’Homme de métier, dans ses fonctions, au cœur du chantier
Informations et inscription en cliquant sur les liens suivants:
Affiche DUCBD
Flyer DUCBD
IUT Marne La Vallée
INSCRIPTIONS